Louise Périès, dite « Loulette », est née en 1918, et sa sœur cadette Colette Périès-Martinez en 1922. Elles sont les filles de Paul Périès, un ancien préfet sous la IIIe République. Elles s'engagent dans la Résistance départementale en octobre 1942. Elles sont alors âgées d’une vingtaine d'années.
Les deux soeurs Périès débutent au sein d’un groupe d'action catholique en faisant parvenir des colis et des faux-papiers aux soldats français prisonniers en Allemagne. Parmi eux, leurs fiancés, lieutenants au 27e BCA. Elles assuraient une permanence au 28 rue Sommeiller où le résistant Théodose Morel dit « Tom » venait souvent. Ce dernier leur demandait exactitude, précision et discrétion absolue. Il leur écrira : « tous les espoirs sont permis tant qu'il y aura des filles de France pour faire ce que vous faites ». Morel était un ami de Paul Idier, futur mari de Louise, qui était alors prisonnier en Allemagne depuis 1940.
En 1942, les sœurs Périès rejoignent l’équipe d’agents de liaison exclusivement féminins fondée par Antoinette Reille, l'épouse d'un capitaine résistant du 27e BCA. Elles se placent ainsi sous les ordres du commandant Jean Valette d'Osia dit « M. Faure », chef de l'Armée Secrète en Haute-Savoie en 1943. Leur rôle consiste alors à faire passer des renseignements, à convoyer des personnes recherchées, notamment en Suisse, ou à transporter d'importantes sommes d'argent entre la Haute-Savoie et la Suisse. Elles interviennent aussi au sein de la SNCF, livrant des rapports sur les trains que la Résistance devait faire sauter. Elles transportent des valises remplies de documents militaires à Annemasse et les remettaient à un douanier chargé de les faire passer en Suisse. Elles officient aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur du département. Les deux sœurs et leurs camarades effectuent aussi des missions de renseignement et sont amenées à se rendre à Marseille, à Grenoble, dans l'Ain et surtout à Lyon, tête de la Résistance régionale. Ici, elles transmettent des courriers via des boîtes aux lettres changeant fréquemment d'emplacement afin d’éviter les nombreux contrôles de police. Colette a effectué une vingtaine de passages de frontières vers la Suisse, dont celui avec l'aviateur anglais Franck Griffith, unique survivant du crash de son avion à Meythet le 15 août 1943. Lors des événements du plateau des Glières au début de l’année 1944, elles facilitent largement la circulation des messages.
À pied ou à vélo, elles parcourent de nombreux kilomètres pour aider la Résistance et le maquis. Le vélo permet notamment d'éviter les contrôles, très fréquents dans les gares et les trains. Ces contrôles sont particulièrement dangereux car les jeunes filles mènent souvent leurs actions sous leur véritable identité : en cas d'arrestation, toute leur famille se trouverait menacée. À bicyclette, été comme hiver, sur des routes verglacées, Louise et Colette n'hésitent pas à parcourir des centaines de kilomètres pour défendre leur idéal de liberté. Colette et sa sœur sont donc habituées à parcourir chaque jour de grandes distances à vélo, parfois plus d'une centaine de kilomètres. Colette Périès déclarera d'ailleurs ensuite, non sans humour, qu'après la guerre, elle était prête pour faire le Tour de France ! Lors du défilé de la victoire du 20 août à Annecy, elles défileront aux côtés des maquisards dans la ville à vélo, leur principale arme, avec leur courage sur le porte-bagages.
Colette et sa sœur Louise sont toutes deux décorées de la médaille de la Résistance ; puis Colette a également été décorée de la Légion d’Honneur. Elles ont reçu ensemble la Croix de Guerre avec citation commune, dont voici un extrait :
« Mesdemoiselles Périès, agents de liaisons intelligentes, courageuses, ont su avec un total mépris du danger, assurer tantôt ensemble, tantôt en se relayant, un service de plus en plus difficile, tant dans la clandestinité qu'au cours des opérations de Libération ».
Après la guerre, les deux sœurs se marient. Colette devient assistante sociale. Très discrètes, elles ne témoigneront que très rarement de leur engagement dans la Résistance, et plusieurs décennies après les évènements. Louise décède en 1999 et Colette en 2016. En 2013, le salon d'honneur de la préfecture d’Annecy est rebaptisé Louise et Colette Périès.
Par Nina Homassel et Maëlys Stiker, élèves de terminales du Lycée Baudelaire (Annecy) sous l'égide de leur professeur S. Chatillon Calonne, 2024