Histoire & Mémoire Militaire Alpine

Recherches sur le fait militaire en Savoie (1870 - 1962)

François de Menthon, pilier haut-savoyard de la Résistance et de la IVe République (1900-1984)

François de Menthon
François de Menthon

Notable haut-savoyard et professeur de droit, militant catholique et résistant, François de Menthon a traversé le XXe siècle en suivant un parcours peu ordinaire qui a laissé une empreinte inestimable dans le département de la Haute-Savoie.

 Les débuts : juriste et militant catholique

Né en 1900 et issu de la vieille noblesse savoyardeFrançois de Menthon habite avec sa famille le château de Menthon-Saint-Bernard, sur la commune du même nom contrôlant l'accès de la très conservatrice vallée de Thônes. Il devient professeur agrégé de droit et milite au sein de l’Action catholique durant les années 1930, ce qui lui donne une grande influence morale dans le département de la Haute-Savoie. Cet engagement porté par un idéal humaniste et chrétien constitue d'ailleurs la matrice de son action publique future.

 Le Résistant 

Mobilisé en 1939, blessé et fait prisonnier en 1940, il s’évade et devient un des fondateurs de la résistance en Haute-Savoie avec le mouvement « Liberté » à l’automne 1940, puis sa fusion avec le mouvement « Combat » d'Henri Frenay en 1941. Les deux premiers numéros du journal clandestin « Liberté » qu'il édite ont même été imprimés à Annecy. Dès janvier 1942, il reçoit à plusieurs reprises Jean Moulin au château de Menthon-Saint-Bernard. Les jeunesses catholiques, dont il est l’un des dirigeants nationaux, fournissent un vivier pour l’Armée secrète (résistance armée gaulliste) menée par le général Vallette d'Osia dans le département. Son agression par le SOL à Annecy en mai 1942 choque les Haut-Savoyards et renforce la résistance départementale. En danger, il rejoint le général De Gaulle à Londres en 1943, qui le nomme Commissaire à la Justice du Gouvernement provisoire de la République Française à Alger. A la tête d'un « Comité général d'études », il établit les bases de ce qui deviendra le programme du Conseil national de la Résistance (CNR). Puis il est ministre du GPRF, jusqu’en mai 1945. Il gère avec mesure l’Epuration légale, et, nommé procureur au tribunal de Nuremberg jugeant les dirigeants nazis, il y définit ainsi la notion de crime contre l'humanité : « Crime contre le statut d'être humain motivé par une idéologie qui est un crime contre l’esprit visant à rejeter l’humanité dans la barbarie ».

Le politique démocrate-chrétien et européen

Compagnon de la Libération, il entame une carrière politique prometteuse : l’un des fondateurs du Mouvement Républicain Populaire (MRP) en 1944, il est député de la Haute-Savoie de 1946 à 1958 et ministre de l’Économie dans le gouvernement Bidault. Il se consacre aussi à la cause européenne et devient président de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe de 1952 à 1954. Il présente alors le premier drapeau étoilé officiel de la CEE. Mais il s’oppose au retour de De Gaulle et quitte la vie politique en 1958 : il retourne enseigner à l’Université de Nancy, et se concentre sur son mandat local de maire de Menthon-Saint-Bernard et président de l’association des Maires de Haute-Savoie jusqu’en 1977. Au terme d’une vie bien remplie au service de la Haute-Savoie et de la France, François de Menthon décède le 2 juin 1984 à Annecy. Il a été inhumé dans le cimetière de sa commune.

A LIRE : Laurent DUCERF, François de Menthon : un catholique au service de la République (1900-1984), Paris, Ed. du Cerf, coll. « Histoire religieuse de la France » (no 27), , 508 p.

 

 

Par Sébastien Chatillon Calonne

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