Histoire & Mémoire Militaire Alpine

Recherches sur le fait militaire en Savoie (1870 - 1962)

La silhouette de nos chasseurs alpins en 1914-1918

Un chasseur alpin du 11e BCA posant chez le photographe avec son alpenstock
Un chasseur alpin du 11e BCA posant chez le photographe avec son alpenstock

Lorsque l'on assiste aux cérémonies patriotiques, force est de constater que la silhouette des chasseurs alpins actuels n’a guère changé depuis la création de ces troupes d'élite en 1887-1888. Le poids des traditions, mais aussi la modernité de la tenue pour l’époque expliquent ce constat.

Au cours de la Grande Guerre, la couleur « gris de fer bleuté » de l’uniforme des chasseurs alpins est immédiatement identifiable, même par leurs ennemis allemands qui leur donne d’ailleurs le surnom de « Diables noirs ». En effet, depuis 1891, ils portent une élégante vareuse-dolman, très pratique avec son large col chevalière (au numéro du bataillon) et ses parements de manche rabattables sur le cou et les mains en cas de grand froid. Un manteau à capuchon sans manche aide à lutter également contre les températures négatives régnant sur les sommets. Ce manteau est abandonné en 1916 au profit de la capote de couleur « bleue horizon », commune à toute l’infanterie. Notons que les BCA sont entièrement rhabillés avec cette dernière teinte durant quelques mois en 1915, avant que leurs chefs ne parviennent à faire rétablir le « bleu chasseur ». Le chasseur porte initialement un pantalon droit, puis un pantalon-culotte resserré sous le genou à partir de 1915, également de teinte « gris de fer bleuté » et passepoilé de couleur « jonquille » (jaune). Il est enserré dans des bandes molletières de trois mètres de long. Ces dernières, malgré leur mise en place peu évidente, sont jugées « sportives et hygiéniques ». Elle se révèlent en effet bien plus confortables que les guêtrons de cuir des autres fantassins, et sont donc généralisées à toute l’infanterie dès 1915.

La coiffure du chasseur alpin est constituée de la « tarte », ornée d’un cor de chasse jonquille, insigne distinctif des chasseurs. Ce large béret d’origine béarnaise est suffisamment grand pour protéger la tête du soleil, les pieds que l’on peut y blottir la nuit ! Il devient vite l'emblème des chasseurs alpins, mais il est efficacement remplacé au combat par le casque Adrian de teinte gris-bleu à partir de l’automne 1915. Cette coiffure est également ornée du cor de chasse, dans lequel sont frappés les lettres « R.F. » pour « République Française ».

La spécificité du milieu montagnard dans lequel les bataillons alpins opèrent justifie également leur dotation en équipements particuliers. Ainsi, le chasseur alpin porte des brodequins au cloutage pointu accrochant mieux à la glace. Il possède également une longue canne à bec à crosse ferrée, l’« alpenstock », pour sonder le sol neigeux et faciliter sa marche, son havresac pesant tout de même 28 kg. Les raquettes ou les skis en bois, les cordes, les lunettes noires avec voilette de gaze contre la réverbération peuvent compléter l’équipement. Les 4 compagnies de skieurs fondées fin 1915 sont également dotées de skis. Notons que ces pièces d’habillement et d’équipement spécifiques font des troupes alpines un laboratoire dans leur domaine. Les alpins favorisent en effet le goût du sport et de la montagne dans la société civile dès la Belle époque.

Pour le reste, le chasseur alpin est doté de l’équipement standard. L'ensemble brelage/ceinturon/cartouchières en cuir pour l’utilisation du fusil Lebel 86/93 puis du fusil Berthier 07/15 à partir de 1916, tous deux étant calibrés à 8 mm. Son bidon d’un litre (puis deux litres à l’été 1915), porté réglementairement du côté droit, est couvert d’une housse de drap gris de fer bleuté. La musette en toile cachou se porte sur la hanche gauche, sur la longue épée-baïonnette quadrangulaire dite « Rosalie ». A partir d’avril 1915, un masque à gaz alourdit l'ensemble. 

Par Sébastien Chatillon Calonne

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