Histoire & Mémoire Militaire Alpine

Recherches sur le fait militaire en Savoie (1870 - 1962)

Le fantassin Joseph Berthoud, un glorieux poilu Cerciérois (1891-1915)

Portrait du fantassin Joseph Berthoud
Portrait du fantassin Joseph Berthoud

Né en 1891 dans une famille d’agriculteurs, Joseph Berthoud fut un brillant élève à l’école communale de Cercier. Il fit ensuite l’apprentissage du métier menuisier charpentier à l’entreprise Langin d’Allonzier-la-Caille. Il est incorporé en octobre 1912 avec la classe 1911 au 158e régiment d’infanterie de Lyon pour effectuer son service militaire.

Il sert au sein de cette unité d’élite affectée à la défense des Alpes depuis 1888 et ce jusqu’en 1913, année où elle est déplacée dans les Vosges au sein du 21e Corps d’armée pour mieux couvrir la frontière face à l’Allemagne hostile. Cette année-là, le fantassin Berthoud sert toujours sous l’uniforme suite au rallongement du service militaire (« loi des trois ans »). Quand la guerre éclate, il est mobilisé au sein d’une section de mitrailleuse et son unité est engagée en Alsace en août. Puis il combat sur la Marne en septembre, et ensuite dans les Flandres en novembre 1914. Une fois l’hiver passé, son régiment participe à la première bataille d’Artois déclenchée en mars 1915. Joseph Berthoud est alors tué à lors de l’attaque le 17 mars 1915 sur le Grand éperon de Notre-Dame-de-Lorette. Sa famille reçoit un secours de 150 francs du ministère de la Guerre mais ne peut se recueillir sur sa tombe. Âgé de 24 ans à peine, Joseph Berthoud est « mort en brave » selon les mots d’un bon camarade présentant ses condoléances à sa famille, ce que confirme sa citation : « Soldat d’une bravoure réputée est mort glorieusement pour la France le 17 mars 1915 au combat de l’éperon de Notre-Dame-de-Lorette en faisant vaillamment son devoir ».

En effet, le 26 août 1920, le défunt se voit attribuer à titre posthume la médaille militaire, mais sa famille perd sa trace : sa tombe provisoire de 1915 a été probablement démantelée lors des regroupements de corps dans des cimetières nationaux au début des années 1920. En 1938, le président de la Chambre des Députés Édouard Herriot inaugure un monument à la gloire du régiment sur les lieux des combats. Il s’agit en réalité d’une stèle discrète élevée sur la route nationale de Béthune à Arras entre Aix-Noulette et Souchez, au pied du plateau de Lorette, sur laquelle les passants peuvent lire :

« À la gloire du 158e R.I., le Régiment de Lorette. Ce monument a été élevé par les survivants du 158e R.I. à la mémoire des morts du secteur de Lorette - Grand Éperon, Tranchée des Saules, Fond de Buval, Bois en Hache - et en souvenir de leurs camarades tombés sur les divers champs de bataille en 1914-1918 ».

Le temps s’écoule, et il faudra toute l’énergie de ses descendants, ses neveux Gérard, Hélène et Rolande pour découvrir en 2011 que les restes de leur glorieux ancêtre sont placés dans l’ossuaire n° 1 Foch de Notre-Dame-de-Lorette. Le portrait jauni avec la médaille militaire rajouté sur la poitrine de Joseph Berthoud par un photomontage de l'époque reprend un peu vie.

En 2014, le président de la République François Hollande inaugure l’Anneau de la Mémoire, un monument commémoratif du Centenaire de la Grande Guerre érigé sur le site de la nécropole nationale de Notre-Dame-de-Lorette. Ainsi, à Ablain-Saint-Nazaire, commune du département du Pas-de-Calais située à 800 km de sa Savoie natale et des siens, le nom du simple soldat Joseph Berthoud ressurgit du passé, gravé parmi les 580 000 morts de toutes nationalités tombés dans ce secteur entre 1914 et 1918.

À nous le souvenir, à eux l’immortalité.

 

Par Sébastien Chatillon Calonne, 2023

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