Histoire & Mémoire Militaire Alpine

Recherches sur le fait militaire en Savoie (1870 - 1962)

Les élections municipales peu ordinaires d’avril-mai 1945

Albert Lyard, nouveau maire d'Annecy en 1945
Albert Lyard, nouveau maire d'Annecy en 1945

Si nous avons vécu des élections municipales perturbées par une pandémie suivie d'un confinement en 2020, souvenons-nous que celles de 1945 furent également très atypiques, pour d’autres raisons toutefois.

Dimanche 29 avril 1945 se déroulait le 1er tour des élections municipales au scrutin majoritaire à deux tours dans la France fraichement libérée du joug nazi. Le dernier choix libre d’un édile municipal remontait tout de même à 1935. Hormis leur décalage à la fin de la guerre, ce sont les premières élections où les femmes exercent le droit de vote. Elles représentent d’ailleurs une large majorité du corps électoral du fait de l'absence des nombreux hommes prisonniers de guerre, déportés ou militaires de carrière. Cette participation inédite des Françaises à un scrutin ne déclenche pourtant pas d’émotion médiatique particulière, les difficultés liées à l’immédiat après-guerre focalisant l’attention du public : la situation économique reste très précaire (rationnement alimentaire), on attend le retour des camps de déportés et prisonniers, tandis que des règlements de compte politiques émaillent la vie politique locale.

À Annecy, il faut élire 27 conseillers pour succéder à l’assemblée nommée par Vichy et destituée par le Comité départemental de libération (CDL) dès août 1944. Ces élections constituent le premier test de validité des institutions issues de la Résistance, représentées par Georges Volland (notaire), Edouard Peccoud (industriel), Marcel Fournier (commerçant), Adrien Galliot (cheminot), Claudius Caillat (secrétaire de la CGT), Adrien Marin (cheminot) et Jean-Marie Saulnier (restaurateur). Mais c’est le prestigieux chef de l’Armée secrète (AS), le commandant Jean Clerc, qui fait le meilleur score. Sont également élus Lucien Boschetti (entrepreneur), Attilio Barragia (typographe), Gaston Gervais (ingénieur), Émile Claraz (cheminot), Jacques Le Maignen (directeur de l’Office des céréales), Léon Mallinjoud (officier retraité), François Natton (ajusteur), Georges Noyer (directeur de la Maison du prisonnier), Roger Peilloud (ouvrier à SRO), Paul Piconne (ouvrier des PTT), Yves Raisin et Henri Voisin (médecins). Quatre femmes sont élues : Julia Rambosson, qui est une rescapée de la prison Saint-François âgée de 67 ans. Mais également Marcelline Paris (professeure), Yvonne Prat (couturière) et Jeanne Montmasson (assistante sociale).

Avant le second tour, les Français apprennent, avec une joie indescriptible, la signature de l’armistice le 8 mai. La capitulation sans condition de l’Allemagne nazie signifie que la guerre est bel et bien terminée. Puis, le 13 mai 1945, le 27e et dernier conseiller élu est André Cochon (PCF). Nommé dès le 11 septembre 1944 par le préfet du Gouvernement provisoire, Albert Lyard, ingénieur aux Ponts et Chaussées, est ensuite confirmé dans ses fonctions de maire d’Annecy. Jean Clerc devient son premier adjoint. Une fois les adjoints élus et les commissions mises en place, la nouvelle équipe municipale peut s’atteler à la lourde tâche qui l’attend.

Par Sébastien Chatillon Calonne

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