Tableau "Bersaglieri alla battaglia della Cernaia" par Vincenzo de Stefani (1859 - 1937), Musée de San Martino della Battaglia
Depuis le milieu du XVIIIe siècle, les Empires russe et ottoman sont sans cesse en conflit dans la région danubienne, et en particulier en Crimée. Durant la guerre russo-turque (1768-1774), la Russie entreprend, dès 1772, la construction du port militaire de Sébastopol destiné à sa marine impériale. Le 8 avril 1783, Catherine II de Russie annexe la presqu’île de Crimée qui dépendait du Khanat de Crimée d’influence turque et provoque le départ des populations locales Tatares. Détail méconnu, le royaume de Savoie a joué un rôle durant la guerre de Crimée (1854-1855).
1. Contexte et origines de la guerre de Crimée
Dès lors, la Russie prétextant des problèmes religieux (orthodoxes) et ethniques n’a jamais cessé de vouloir imposer son protectorat sur les territoires des principautés de Valachie et de Moldavie dépendant de « l’homme malade de l’Europe », c’est-à-dire l’Empire Ottoman. Durant l’été 1853, par représailles, le Tsar fait envahir les principautés de Valachie et de Moldavie situées aux confins de l’Empire ottoman.
Le 4 octobre 1853, Constantinople soutenue et poussée par la France et l’Angleterre déclare la guerre à Saint-Pétersbourg. Les ottomans et les russes s’affrontent une nouvelle fois dans le Caucase. Le 30 novembre 1853, la flotte ottomane est coulée dans le port turc de Sinop (mer Noire) par la marine impériale. Cette bataille sera la dernière de l’histoire de la marine à voile.
L’avancée des Russes en direction des Détroits et des mers chaudes inquiètent la France et surtout la Grande-Bretagne. Les deux empires interviennent diplomatiquement puis militairement dans ce conflit afin de venir en aide aux ottomans. En février 1854, les alliés somment la Russie de quitter les principautés danubiennes. Á la suite du refus des russes de quitter ces territoires occupés, le 27 mars 1854, la France et le Royaume-Uni se rangent au côté de l’empire Ottoman en déclarant la guerre à la Russie.
Les premiers participants à ce conflit possèdent chacun leurs motivations. En Russie, le Tsar Nicolas Ier (1796-1855) ambitionne, comme ses prédécesseurs, de dominer les détroits du Bosphore et des Dardanelles ainsi que de conquérir Constantinople afin d’obtenir, pour sa marine, un accès aux « mers chaudes ». De plus, il se veut le protecteur des slaves des Balkans vivant sous le joug ottoman. Le prétexte du futur conflit avec l’Empire ottoman lui est donné par les incessantes querelles qu’entretiennent les moines orthodoxes et le clergé catholique concernant la gestion des Lieux Saints à Jérusalem et tout particulièrement le droit d’officier dans la basilique de la nativité à Bethléem.
L’empereur des Français Napoléon III, proche du Pape et des catholiques, ne peut rester insensible aux prétentions russes sur les Lieux saints. Politiquement, il doit éviter un rapprochement entre l’Autriche et la Russie au détriment de l’empire ottoman qui pourrait nuire à l’équilibre du Moyen-Orient. De plus, en cette moitié du 19e siècle, la France a entrepris un rapprochement diplomatique avec Londres. Dans cette « affaire » de Crimée, la France s’allie à la Grande-Bretagne « par communauté d’intérêts contre la Russie ». En juin 1853, après l’échec de la médiation française et autrichienne entre les deux protagonistes, la flotte française quitte Toulon pour la Méditerranée orientale.
La Grande-Bretagne, elle, s’inquiète de l’expansionnisme russe en Méditerranée orientale qui pourrait menacer ses intérêts commerciaux. Fidèle à sa politique de protection de ses voies maritimes en direction de l’Orient, elle apporte son appui militaire à la « Sublime Porte ». Durant l’été 1853, la flotte britannique se rassemble pour son prochain départ en direction de Constantinople et de la Crimée. Pour la première fois, la Royal Navy est équipée de navires propulsés à la vapeur.
L’empire ottoman, pour sa part, est traditionnellement, en lutte contre la Russie, afin de sauvegarder les territoires immenses de son empire et tout particulièrement ses détroits. L’agression militaire du Tsar Nicolas 1er justifie amplement la réaction guerrière du Sultan Abdülmecid 1er (1823-1861). La guerre de Crimée commence alors sur la presqu’île et autour du port militaire de Sébastopol.
2. Les opérations militaires des Alliés en Crimée
Á l’automne 1854, quatre cent navires franco-britanniques, transportant 31 000 soldats français, 25 000 britanniques et 6 000 ottomans pénètrent en Mer Noire et se dirigent vers la presqu’ile de Crimée. Le 14 septembre 1855, ces troupes sont débarquées non loin de la ville portuaire d’Eupatoria située au nord-ouest de Sébastopol. L’objectif allié est d’encercler et de prendre la base maritime de Sébastopol, siège de la flotte russe en mer Noire. Le 20 septembre 1854, les alliés se heurtent aux 35 000 russes venus à leur encontre lors de la bataille de la rivière Alma. Les russes sont battus à la suite d’un mouvement tournant des troupes franco-ottomanes et britanniques.
Début octobre 1854, les troupes du génie français s’installent dans le fort fortifié de la baie en eaux profondes de Kamiesh,, situé au sud-est du centre de Sébastopol. Les unités du génie britannique, elles, s’installent dans la baie Balaklava au sud-est de Sébastopol et construisent une ligne de chemin de fer pour alimenter en munitions le front. La forteresse de Sébastopol est encerclée par deux corps alliés : Corps de siège et Corps d’observation, lesquels ont construits une ligne de siège composée d’abris, de tranchées et canons. Á l’entrée du port, les russes ont sabordé une grande partie de leur flotte afin d’installer les canons de marine pour la défense terrestre et maritime de la cité.
Le 17 octobre 1854 débutent les duels d’artillerie entre alliés et assiégés. Ce même jour, l’artillerie russe détruit les dépôts de munitions françaises et pilonne la flotte alliée. Les britanniques font sauter la redoute de Malakoff et y effectue une brèche. Le 25 octobre 1854, lors de la bataille de Balaclava, les russes attaquent les environs de ce petit port où arrivent des lignes de ravitaillement des alliés, défendu les britanniques et les turcs. Les russes n’arrivent à percer la ligne de front mais les anglais perdent la moitié de leur cavalerie. Le 5 novembre 1854, c’est bataille d’Inkermann. Les russes attaquent les forces anglaises qui défendent le secteur (8 000 hommes) pour pendre un petit port à l’embouchure de la Tchernaïa au nord-est de Sébastopol. Bien que supérieur en nombre (40 à 45 000 hommes), les russes sont défaits par les chasseurs d’Afrique et les Zouaves français venus au secours des anglais. Sébastopol bien défendue sur le front de mer par une artillerie puissante et des ouvrages fortifiés nombreux, ne pourra pas être sauvé par les multiples tentatives de ses armées de secours qui seront toujours bloquées par les alliés bien au-delà de la ligne de front.
En novembre 1854, avec l’arrivée d’un hiver vigoureux, les campements alliés sont dévastés par plusieurs tempêtes et rencontrent des problèmes d’épidémies (choléra et scorbut), de froid et d’alimentation. Avec l’arrivée du printemps, les alliés peuvent de nouveau utiliser leur train pour ravitailler le front et intensifier les tirs d’artillerie. Tous en renforçant leur défense au sud (Le Grand Redan), les russes effectueront de nombreuses sorties qui se solderont toujours par des échecs. Le 18 juin 1955, français et britannique ont prévus d’attaquer au petit matin la colline de la tour de Malakoff et la fortification du Grand Redan. Les assauts mal préparés et mal coordonnés se soldent par un cuisant échec. Le 17 août 1855, les russes tentent l’assaut de la dernière chance qui se solde par un échec. Le 8 septembre 1855, après trois jours de préparation d’artillerie (800 canons) les troupes françaises conquièrent la colline de Malakoff, obligeant les russes à évacuer la ville. Le 12 septembre 1855, les troupes alliées pénètrent dans Sébastopol en ruine. Après l’évacuation de ce port et de sa région, des combats sporadiques se dérouleront pendant quelques mois entre les troupes alliées et les soldats du Tsar jusqu’à la signature du traité de paix de Paris (30 mars 1856).
Cette guerre s’avère particulièrement meurtrière. La guerre de Crimée est parfois désignée de « première guerre moderne ». Non seulement, elle fût particulièrement meurtrière pour les deux camps mais elle vu l’utilisation de nouvelles technologies : les bateaux à vapeur, le chemin de fer, le fusil à canon rayé, le télégraphe, la photographie militaire et l’utilisation de la presse d’opinion. Aussi, elle mit en relief un certain nombre de lacunes dans les services des armées. Les services d’intendance et de santé ont été déficients. Le petit nombre de médecins militaires présents sur le front, ne purent juguler les épidémies de choléra, de scorbut et autres maladies, produisant plus de victimes parmi les soldats que lors des combats. Le ravitaillement tant pour les hommes que les animaux (chevaux, mulets) était de piètre qualité et en nombre insuffisant. En plus de conditions climatiques terribles avec un hiver très rigoureux, le bassin de la mer Noire connu une série de tempêtes très violentes dont les phénomènes météorologiques étaient totalement ignorés par les troupes d’occupation. Entre le 13 et 14 novembre 1855, les flottes alliées ancrées en rade d’Eupatoria et de Katcha sont drossées sur les rivages à la suite d’un violent cyclone. Trente-huit à quarante et un bâtiments de tous types (vaisseaux de guerre et navires de transport) sont détruits et plus de 400 marins périssent. Á la suite cette catastrophe, la France se dota de son premier service de météorologie destiné aux prévisions des tempêtes.
3. La participation du Royaume Piémont-Sardaigne à la guerre de Crimée
Au-delà de l’appui militaire qui est fourni à la « Sublime Porte », les franco-britanniques se mettent en quête afin de trouver en Occident de nouveaux partenaires-alliés. Le Royaume des Deux Sicile décline leur offre. L’Autriche-Hongrie pour ne pas déplaire à la Russie se déclare neutre.
Au début de l’année 1855, le « demi-savoyard » Cavour (1) premier ministre du Royaume de Piémont-Sardaigne, considère qu’il est temps que son pays intervienne auprès des alliés, dans cette guerre européenne de Crimée. Cette participation de Turin, pourrait permettre de faire valoir son projet d’unification de l’Italie (libération de la Lombardie-Vénétie du joug autrichien), de développer les alliances nécessaires à la conduite de la future Seconde Guerre d’Indépendance de la péninsule et le cas échéant que le Royaume puisse d’assoir à la table des grands lors des futures négociations de paix.
Le principe d’une intervention en Crimée est très mal accueilli parmi la population non piémontaise et au sein de l’opposition parlementaire. Peu importe, le 28 janvier 1855, le roi Victor Emmanuel II signe une convention militaire avec la France et le Royaume-Uni, dans laquelle Paris garantit militairement l’intégralité de l’état sarde vis-à-vis de l’Autriche-Hongrie. Londres assure un prêt financier d’un million de livres sterling (2) et le transport gratuit sur ses navires des troupes du futur corps expéditionnaire sarde. Les chambres à Turin ratifient les accords en février-mars 1855. Il est convenu avec Turin que le corps expéditionnaire, dans un premier temps, sera constitué de 15 000 hommes. Le 1er avril 1855, le Royaume Piémont-Sardaigne rentre officiellement en guerre contre la Russie.
Le Corps expéditionnaire sarde est composé de 18 058 hommes expédiés en Orient entre avril et mai 1855 puis un reliquat de 3 443 débarque en Crimée entre novembre et décembre 1855 soit un total de 21 501 soldats. Les premiers contingents sont composés presque exclusivement de piémontais appartenant au Corps des Bersaglieri (3). Á contre-cœur, Alfonso della Marmora (4) prend le commandement du corps expéditionnaire en remplacement de Ferdinand de Savoie, Duc de Gênes, décédé subitement. Le 13 avril 1855, les unités de Bergalieri quittent Turin (à pied) pour rejoindre le port de Gênes. Les soldats d’origine montagnarde qui n’ont jamais vu la mer embardent sur 45 navires anglais, français et piémontais (21 vapeurs et 24 voiliers) et 10 bâtiments à voile sont destinés aux chevaux, mulets et fourrage divers. Les embarquements qui se déroulent du 25 avril au 20 mai 1855, se passent dans un très bon ordre et démontrent une très grande efficacité des unités sardes selon les officiers anglais présents sur le port. Le 28 avril 1855, le général commandant l’expédition, Alfonso della Marmora et son état-major montent à bord d’un des rares vapeurs de la marine royale sarde le Pirofregata Governolo (5) à destination de Constantinople puis de Balaklava en Crimée.
Durant un long voyage maritime (15 jours), les soldats épuisés sont victimes du mal de mer voyagent en compagnie des équidés et sont soumis le plus souvent à de la nourriture « anglaise » inconnue des transalpins. Après un court arrêt à Constantinople, au large des côtes de Crimée, les navires doivent attendre plusieurs jours par le fait que le port de Balaklava et sa baie sont totalement saturés par une multitude de bateaux en attente de déchargement des matériaux militaires. Le 9 mai 1855, les officiers peuvent descendre à terre, le corps sera complément débarquer que le 20 mai 1855. Les régiments gagnent rapidement leur futur lieu de cantonnement dans la presqu’île de Crimée. Les emplacements les plus convenables sont déjà pris par les Anglais et les Français. Aux Piémontais, les Britanniques attribuent les terrasses ventilées des collines de Karani au-dessus de la ville de Balaklava (6) et le droit d’établir leur quartier général dans le village de Kadi-Koi non loin de Sébastopol. Il semble que la convivialité entre alliés n’a pas été des meilleures. Si les Français, peut-être par leur langue, se sentent plus proche des futurs Italiens, les Britanniques restent distants avec eux.
En plus des problèmes sanitaires, des difficultés surgissent afin de trouver des bois de construction pour établir les logements du futur camp. S’ajoutent d’énormes problèmes d’hygiène. : trop de monde pour un trop petit espace vital. La chaleur étouffante du climat estival et l’humidité du lieu favorisent le développement des moustiques (malaria) et des fourmis (infections) affaiblissant les hommes encore en bonne santé. Avant que les troupes montent au front, on peut dire que toutes les conditions sont réunies pour que les soldats meurent de maladies avant de perdre la vie au combat.
Le corps d’armée (ODB) est organisé de la façon suivante :
- 1re division d’infanterie composée de deux Brigades d’infanterie (2e et 3e) commandée par le général Giovanni Durando (7),
- 2e division d’infanterie composée de deux Brigades d’infanterie (4e et 5e) commandée par le général Alessandro della Marmora (8),
- Une division de réserve, commandée par le général Giorgio Ansaldi,
- Un régiment de cavalerie,
- Une brigade d’artillerie,
- Un bataillon du génie,
- Des services : un Bureau d’intendance, un Service des substances, un Service de santé, un Bureau de la justice militaire et un Détachement de carabiniers assurant la police militaire.
Le 25 mai 1855, les unités piémontaises sont déployées, au côté des troupes alliées, le long de la rivière Cernïa (Bassin de la Tchernaïa). Dans un premier temps, les troupes sardes sont utilisées aux travaux de terrassements des tranchées qui entourent la ville assiégée et des fortifications faisant face aux troupes de secours russes. Pour venir en aide à la ville assiégée de Sébastopol, les russes envoient à plusieurs reprises des armées de secours, sans résultat positif. Le bassin de la rivière côtière de la Tchernaïa où se déroule la bataille de la Cernïa ou du Pont Traktir (pont de pierre), s’étend du sud-est au nord-ouest dans la presqu’île de Crimée pour aller se jeter dans la baie de Sébastopol en mer Noire.
Le 16 août 1855, à quatre heures du matin, les troupes du Tsar se présent en deux colonnes de 57 000 hommes et traversent la rivière Tchernaïa face à 27000 et 10000 Bersaglieri piémontais. Les russes tentent d’occuper l’ensemble de la rive gauche de la rivière et de traverser la rivière au pont Traktir lequel est défendu par trois compagnies de troupes françaises (16e Régiment de ligne) et trois compagnies de Bersaglieri. Vers cinq heures, après un combat acharné, les trois cents soldats alliés se replient sur les hauteurs dominant la rivière et laissent l’artillerie française effectuer ses tirs. Après une charge de la cavalerie piémontaise, les russes se retirent du champ de bataille. Les russes laissent sur le terrain 4 000 à 10 000 morts et blessés, les français environs 300 morts et 1 200 blessés et les piémontais 14 morts-46 disparus et 170 blessés. La bataille de la Cernïa est pour les Bersaglieri et le Piémont-Sardaigne la seule et grande victoire de la guerre de Crimée. Plus tard, un monument commémoratif et un musée sera érigé en Italie à la Tour de San Martino della Battaglia.
Le 18 septembre 1855 a lieu l’assaut finale de la place forte de Sébastopol qui coute la vie à 1 500 français, 1 400 disparus et 4 000 blessés et aux britannique 1 500 tués et blessés. Le lendemain est prévu une nouvelle attaque des Anglo-sardes. Cet assaut n’est pas nécessaire, les russes quittent la ville. La reddition de Sébastopol marque la fin des opérations militaires mais non de la guerre. Le 27 janvier 1856, un armistice de deux mois est signé. Le début de l’année 1856 connait des températures très froides pour les troupes alliées non rappariées dans leur pays d’origine et quelques combats sporadiques ont lieu jusqu’en 30 mars 1856, date de la signature du traité de paix de Paris.
Le faible taux de pertes au combat (28 ou 32 hommes) du corps expéditionnaire s’explique par son arrivée tardive dans la zone des combats et une présence très courte sur le théâtre des opérations - moins d’une année- l’armistice étant signé définitivement le 14 mars 1856. En ce qui concerne, le nombre de victimes dues aux maladies infectieuses contractées en Orient, les chiffres varient de 2 166-2 182 à 4 420 (Choléra 2 278, typhus 1 340, fièvres diverses 452, scorbut 350, phtisie ou tuberculose pulmonaire). Dès le 11 mai 1885, des cas de choléra ont été détectés parmi la troupe ayant pris place sur les navires navigants en direction de Constantinople.
Bilan des pertes humaines lors de la guerre de Crimée (1853 à 1856) | ||||||
Nationalité | Français | Anglais | Sardes | Ottomans | Russes | Total |
Morts sur le champ de bataille
| 10 240 | 2 755 | 12 | 10 000 | 30 000 | 53 007 |
Morts de blessures ou de maladies
| 85 375 | 19 427 | 2 182 | 25 000 | 600 000 | 731 894 |
Totaux | 95 615 | 22 182 | 2 194 | 35 000 | 630 000 |
Source : Belmas Elisabeth et Serenelles Nonnis Vigilante, La santé des populations civiles et militaires, Villeneuve d’Ascq, Presses Universitaires du Septentrion, 2010.
Nous remarquons des différences notables entre certains chiffres des deux tableaux ci-dessus, le mode de calcul n’étant pas identique. Dans l’un, on compte les morts et disparus et les morts de maladies à part, dans l’autre les morts de blessures et de maladies sont comptabilisés en même temps. De plus, selon les sources, le nombre de troupes engagées, pour le corps expéditionnaire français varie de 309 268 à 325 710 soldats.
Notes :
1 Camille Benso, comte de Cavour (1810-1861) Homme d’état piémontais, acteur de l’unité italienne, plusieurs fois ministres et chef du gouvernement, meurt du paludisme.
2 Le Royaume Piémont-Sardaigne est en grande difficulté financière depuis sa défaite contre les Autrichiens à Novara (23 mars 1849).
3 Les Bersaglieri appartiennent à un corps spécial d’infanterie légère créé en 1836 sur proposition du militaire Alessandro de Ferrero dellla Marmora dit La Marmora (1799-1855), frère d’Alfonso Ferrero marquis della Marmora (1804-1878) homme d’état et militaire piémontais.
4 Alfonso della Marmora (1804-1878) général, ministre de la guerre en 1848, principal acteur du Risorgimento, quelque temps chef du gouvernement, proche de la famille de Savoie, rénovateur de l’armée sarde, fait écraser la révolution ligurienne (Gênes) par son frère Alessandro. Chef du corps expéditionnaire en Crimée. Il mène des campagnes de « pacification-répression » dans le sud de l’Italie contre les « bandits ».
5 Le Pirofregata Governolo est une frégate mixte (voile, vapeur) de la marine royale de Sardaigne. En 1855, elle est commandée par le capitaine de frégate Giovan, Battista Albini (1812-1876), contre-amiral de la division navale envoyée en Crimée.
6 Balaklava ville de Crimée actuellement quartier du port de Sébastopol située à l’extrême sud de la presqu’île.
7 Durando Giovani (1804-1869) chef des troupes pontificales contre les troupes autrichiennes.
8 Alessandro della Marmora (1799-1855) meurt du choléra à Balaklava pendant la campagne de Crimée.
Par Yves Domange, 2025